Tout savoir sur les coupes de yerba maté : Du Chimarrão au Tereré
|
Time to read 5 min
|
Time to read 5 min
Le maté, boisson incontournable en Amérique du Sud, se décline en autant de traditions qu’il y a de pays.
Comment le Chimarrão brésilien, avec sa poudre fine et son vert éclatant, se distingue-t-il du maté argentin, équilibré entre poudre et tiges ? Pourquoi l’Uruguay préfère-t-il un maté corsé et intense, tandis que le Paraguay mise sur la fraîcheur du Tereré glacé ?
Découvrez dans cet article les spécificités de chaque coupe, et ce qu’elles révèlent des cultures qui les entourent.
Sommaire
Au sud du Brésil, le maté, ou plutôt le Chimarrão, dépasse largement le simple rôle de boisson. C’est une tradition profondément ancrée dans le sud du pays, au Rio Grande do Sul.
Partager un Chimarrão avec des amis ou en famille est bien plus qu’un simple geste : c’est une marque d’hospitalité et de convivialité, un véritable reflet de la chaleur brésilienne.
Le Chimarrão se distingue par sa couleur vert vif et son broyage extrêmement fin, bien plus fin que celui du maté traditionnel, ce qui lui confère une texture poudreuse. Cette particularité permet une infusion rapide et une extraction complète des saveurs.
Une des particularités du Chimarrão réside dans la façon dont il est préparé :
Pour cela, les brésiliens utilisent une calebasse bien spécifique, appelée Cuia. Contrairement à d’autres calebasses utilisées pour le maté, celle-ci est souvent grande, évasée, et ornée de détails raffinés comme des gravures ou des bases en métal travaillé. La cuia est conçue pour accueillir une grande quantité de maté, permettant une infusion généreuse et harmonieuse.
Mais aussi, ce qui distingue le Chimarrão, c’est l’art qui accompagne sa préparation. Les brésiliens lissent soigneusement la surface du maté et aiment y dessiner des motifs décoratifs. Ce détail artistique est une manière de montrer respect et attention à cette tradition, transformant chaque cuia en une petite œuvre d’art.
Art de Chimarrao
En Argentine, le maté est une véritable institution, un pilier du quotidien.
Plus qu’une boisson, il est un rituel social et culturel profondément ancré dans la vie des Argentins. Partout, que ce soit à la maison, au travail, dans un parc ou en voyage, le maté accompagne les discussions, les moments de détente, et parfois même les moments solitaires.
Prendre un maté, c’est un peu comme partager un instant qui réunit dans un café, comme nous en avons l’habitude en France.
Le maté argentin se reconnaît facilement à son blend plutôt intense, qui contient des feuilles coupées de taille moyenne, une bonne proportion de tiges (appelées “pallos”) et une petite quantité de poudre.
Cet équilibre donne à l’infusion une saveur plutôt intense sans trop tirer sur l’amertume. La qualité des feuilles restent un critère déterminant du goût, chaque marque possède son propre caractère gustatif !
Ce blend est pensé pour une infusion durable : les tiges permettent de ralentir l’extraction des saveurs et d’éviter que l’infusion ne devienne trop rapidement amère. C’est pourquoi on peut remplir plusieurs fois la calebasse d’eau chaude tout en conservant un goût agréable.
Maté argentin
Contrairement à la cuia brésilienne, la calebasse argentine se distingue par sa forme et sa taille. On trouve des calebasses très classiques en courge séchée, ronde et fine, souvent brutes ou légèrement décorées, mais aussi des modèles en bois, en céramique ou même en acier inoxydable pour les versions modernes.
La taille est généralement plus petite que celle utilisée pour le Chimarrão brésilien, car le maté argentin est infusé et consommé plus rapidement, avec plusieurs remplissages successifs (appelés “cebaditas”).
Les Argentins sont très attachés à leur calebasse, qui devient souvent un objet personnel, parfois transmis de génération en génération pour les modèles les plus travaillés.
En Uruguay, le maté est bien plus qu’une simple boisson : c’est une part essentielle de l’identité nationale.
On le boit à toute heure et partout. Si vous marchez dans les rues de Montevideo, vous verrez presque chaque Uruguayen équipé de son thermos sous le bras et de sa calebasse dans la main. Ici, le maté n’est pas seulement une tradition, c’est un mode de vie.
Le maté uruguayen se distingue par son blend, l’un des plus intenses et riches en poudre parmi tous les styles de maté. Ce blend, composé de fines feuilles et de poudre de maté, offre une infusion très corsée avec une amertume prononcée que les Uruguayens adorent.
Pour les non-initiés, ce goût puissant peut surprendre, mais il est apprécié par les amateurs pour son caractère unique et sa capacité à maintenir une saveur constante même après de nombreuses infusions.
La préparation est aussi beaucoup plus méticuleuse, l’art de la montanita est essentiel pour éviter d’aspirer de la poudre. Retrouvez notre guide de préparation.
Maté Uruguay
Les Uruguayens utilisent des calebasses naturelles et traditionnelles, le savoir-faire de la fabrication des calebasses est une véritable institution.
Fabriquées à partir de courges séchées, ces calebasses sont souvent habillées de cuir et cerclées d’alpaca. L’art de la fabrication de calebasses d’exception pousse souvent les adeptes à collectionner plusieurs calebasses !
Calebasse à maté d'Uruguay
Au Paraguay, le maté prend une forme unique et rafraîchissante appelée Tereré.
Contrairement aux autres pays d’Amérique du Sud, où le maté est généralement consommé chaud, le maté se boit froid, ce qui en fait une boisson parfaite pour les journées chaudes qui caractérisent le climat paraguayen. Cette version du maté n’est pas seulement une alternative pratique, c’est une véritable tradition culturelle, profondément enracinée dans le quotidien des Paraguayens.
Le maté utilisé pour le Tereré est souvent plus grossier que les blends argentins et uruguayens. Il contient davantage de feuilles entières et de tiges, ce qui donne une infusion moins intense et plus légère. Mais ce qui distingue vraiment le Tereré, c’est l’ajout de plantes aromatiques ou médicinales, appelées “remedios” ou “yuyos”.
Ces herbes, comme la menthe, la citronnelle ou même l’écorce d’orange, sont ajoutées à l’eau froide ou directement au maté pour apporter des saveurs variées et des bienfaits supplémentaires. Cette personnalisation permet à chaque famille ou région de créer sa propre version unique du Tereré.
Pour le Tereré, les Paraguayens utilisent généralement des calebasses en acier ou des guampas, souvent plus petites que celles utilisées pour le maté chaud. Ces contenants, parfois en acier inoxydable, ou en corne, permettent de conserver la fraîcheur de la boisson plus longtemps.
Contrairement à d’autres traditions de maté, la simplicité domine ici : l’objectif est de profiter d’une boisson rafraîchissante, facile à préparer et à transporter, idéale pour le climat local.